Une nouvelle Suisse
est en train de naître

Albert Einstein, lors de la réception donnée pour honorer son départ vers les Etats-Unis, à la fin de son allocution de remerciements, a émis le souhait de revenir mourir en Suisse. Quand on l’a questionné sur ses motivations, sa réponse a été claire et limpide. Géniale : « Parce qu’en Suisse tout se passe avec dix ans de retard ». Plus près de nous, l’ancien Président de la Confédération Jean-Pascal Delamuraz déclarait avec son sourire matois : « Les Suisses se lèvent tôt mais se réveillent tard ! ».
Vivons-nous donc dans un pays condamné, par ses immenses succès passés à une sclérose certaine ? Une Suisse aux ordres des colonels, des « grosses nuques » zurichoises et d’un establishment un peu rassis aux relents de XIXe siècle, alors que nous sommes aujourd’hui de plain-pied dans le troisième millénaire ?
Ce qui se passe de chaque côté de la Sarine nous permet, sans doute, de tracer une autre analyse. Certes, ce n’est pas demain que la Suisse adhèrera à l’Europe. Les plus sceptiques auront, pour de nombreuses années encore, le pouvoir de s’y opposer à travers la démocratie directe. Mais les bilatérales sont passées sans trop de mal. Et c’est un premier pont en dur qui a été jeté entre Berne et Bruxelles.
Plus fondamentalement, un vent de modernisme a envahi le pays. Certes souvent timoré, retenu par un cantonalisme archaïque et des peurs nées du passé. Mais le pays sait bien que mondialisation aidant, il devra passer sous les fourches caudines du nouveau paradigme des démocraties occidentales. Plus de moralité, plus de transparence, plus d’équité, plus de solidarité avec le reste de la planète. Le pays réfléchit à armer ses soldats de la paix. A entrer à l’ONU. Le reste suivra un jour ou l’autre, même si cela ne se fera pas sans soubresauts, ni retour en arrière. Le navire commence à avancer !
Il est d’ailleurs révélateur que cette révolution touche également le monde de la finance. Le monde le plus préservé de tout le pays. Un monde qui s’était érigé en véritable forteresse pour préserver les acquis des groupes et des familles qui ont fait la Suisse. Swissair, l’emblème même de cette caste, a vu tous ses administrateurs obligés de quitter le pont ; Sulzer l’emblème du patronat suisse a su résister à la dernière attaque, mais pliera à la prochaine ; Kuoni, la société de vos vacances va passer dans l’ère du véritable management ; Roche va changer de giron. Et la liste est longue…
Les verrous qui sautent ne sont que les prémices d’une révolution en marche. Peu perceptible encore, celle-ci va toucher peu à peu tous les échelons de la société. Elle va changer nos vies. A nous de le comprendre et d’en saisir les occasions.

Alain FABAREZ

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