Entretien avec Bernard Clavel et Josette Pratte

Au moment même où la presse française
s’interrogeait quant à l’avenir des grands prix littéraires, après l’attribution du Goncourt à l’écrivain Echenoz, un ancien de l’Académie Goncourt, l’écrivain Bernard Clavel nous
recevait aimablement, chez lui.
Aimablement est un faible terme pour rendre compte de l’extrême gentillesse d’un homme qui semble avoir accédé à une certaine sagesse et qui coule des jours paisibles - sans pour autant
cesser d’écrire - en compagnie de sa femme Josette Pratte, également écrivain.

Josette Pratte
J’ai écrit trois romans: “ Et je pleure ” (1981), “ Les persiennes ”(1991), “ Les honorables ”( 1994 ). Je mets très longtemps à écrire quelque chose. J’ai mon propre rythme. Pour moi, il faut donner le temps au personnage et au monde d’exister. J’ai beaucoup de mal à accepter ce que je fais aussi. Ce sont des thèmes différents, d’écriture différente. Moi ce qui m’anime, c’est comprendre les êtres et donc, au fond, se comprendre, ou comprendre des morceaux de soi et les aimer. Pour moi l’essentiel est d’arriver à être soi; là est la force, arriver à trouver sa personnalité, l’affirmer, être soi et n’être que soi.
Vous êtes un “ pur ” qui ne parle que de ce qu’il connait?
Pur on ne l’est jamais tout à fait. Je voudrais bien être un saint. Malheureusement j’en suis loin; mais je pense que j’ai essayé tout au long de ma vie de m’inspirer de ce qu’avaient tenté de m’enseigner certaine personnes qui ont eu une grande influence sur moi, comme l’oncle dont je fais le portrait dans “ Le soleil des morts ” .J’ai dans mon bureau des photographies d’hommes qui ont beaucoup marqué ma vie: Dorgelès, Casamayor, Louis Lecoin, Pierre Mac Orlan. Ils sont là parce que c’est une espèce de conscience et je me dis qu’en présence de ces gens-là, je ne pourrai pas commettre une saloperie. Je crois que l’on devrait tous avoir des gens qui vous regardent et qui vous disent: attention, là tu vas faire une chose qui n’est pas tout à fait correcte.

Justement, dans cette optique,
il existe une référence suprême.
Etes-vous croyant?
J’ai une foi extrêmement difficile. J’essaie d’être croyant mais ça n’est pas toujours facile car le monde tel qu’il est ne nous y pousse pas tellement. J’ai toujours tendance à me dire: s’il existe un Dieu aussi puissant qu’on le dit, comment peut-il accepter l’éternel massacre des innocents?
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Propos recueillis par Stéphane Casteran