Titre
Le courrier des lecteurs
Plume - Le courrier des lecteurs«L'éditorial du Journal Français de septembre 1998 relève de la suffisance du Français métropolitain envers le Petit Suisse qui, ne l'oublions pas, nous héberge…
Il ne sied pas à un ressortissant d'un pays qui autrefois a déporté ses Juifs avec le soutien de sa population de critiquer ceux qui jadis ont certes refoulé des requérants d'asile… L'accord conclu sous la pression (…) a réveillé des animosités d'une autre génération. Le peuple suisse en est ressorti humilié, mais il n'a ni reconnu ses torts, ni reçu le pardon des lésés…»
M. Hubert Kirrmann - Baden - Dättwil

«A propos de votre Editorial du Journal Français No 32, je tiens à vous dire que je l'ai trouvé scandaleux... Oui, il s'est passé des choses tragiques durant cette période! mon père est mort en déportation».
Mme J. Tillmann - Carouge

«Votre Editorial m'a attristé… J'ai vécu l'époque difficile dans ce pays, (…) je n'ai jamais connu que de la générosité autour de moi».
Mme Simone Brunner-Renard - Pully

Je suis moi-même double national Suisse et Français et votre article m'a écoeuré… Je pense que les Français sont mal placés pour faire la morale aux autres et qu'ils feraient bien de faire leur autocritique avant de baver sur autrui».
M. Claude Borel - Grand-Saconnex

«J'ai été scandalisé par les termes inadmissibles et souvent obscurs de l'Editorial... Monsieur Jean Pierre FRANCOIS (…) oublie que de feu le Président de la République au dernier des lampistes, l'écrasante majorité des Français travaillaient pour l'occupant».
M. Jean Gaspard Dollfus - Les Diablerets

«C'est avec stupéfaction que j'ai pris connaissance de l'éditorial de M. Jean Pierre FRANCOIS. Un compatriote de M. PAPON et d'un nombre indéterminé de ses semblables maintenus et pour certains promus, avant leur décès, dans de hautes fonctions, n'a-t-il rien de plus désolant à considérer, dans le miroir de l'Histoire, que ce qu'il imagine être le vrai visage de la Suisse officielle des années noires du nazisme? Y a-t-il eu plus de collabos à Berne qu'à Vichy».
M. Jacques Vittori - Genève

«Du sinistre J, stigmate proposé par Berne aux nazis, (… ) je considère que l'affirmation ne repose sur aucune justification historique sérieuse … Aussi, je me permets d'élever une énergique protestation contre cette pseudo vérité».
M. Jean Raphaël ISAFFO - Berne

«Je voulais vous dire tout simplement combien j'avais apprécié votre Editorial intitulé «Devoir d'Eminence».
Mme Jacqueline Miller, Conseiller Economique et Commercial près l'Ambassade de France - Berne

L’auteur persiste et signe

L'éditorial «Devoir d'éminence» a suscité de nombreuses réactions dont nous citons des extraits significatifs ci-dessus. L'auteur en assume la responsabilité. Il persiste et signe. Il observe toutefois que la plupart des lecteurs protestataires semblent avoir fait une interprétation erronée du texte. L'évocation des faits à l'origine du conflit, opposant certaines banques suisses aux survivants de l'holocauste, ne constitue que le décor de celui-ci. C'est le titre qui en indique le sens: le débat douloureux aurait dû se situer, selon l'auteur, à un meilleur niveau que celui des gros sous. La polémique autour du prix des millions de morts et du dédommagement des survivants, lésés, méritait mieux que la qualification d'extorsion ou de chantage. L'absence d'une prise de position morale des plus hautes autorités et élites suisses à la mesure des erreurs de leurs prédécesseurs est regrettable. Et ce ne sont certes pas les fautes incontestables des responsables de Vichy et de leurs partisans, hélas nombreux, qui sauraient effacer ou solder le triste passé évoqué par l'éditorial.
Un argument subsidiaire, avancé par quelques lecteurs réprobateurs, invoque quelque devoir de réserve à l'égard d'un pays hôte, qui interdirait, selon eux, de critiquer celui-ci. Une telle manifestation d'un complexe d'infériorité, voire d'un syndrome d'immigré, sinon de demandeur d'asile, est injustifiée. Les quelque cent mille Français établis en Suisse, peuvent être fiers de leurs apports au pays qu'ils ont choisi comme partenaire économique, social et culturel, plutôt que de se considérer comme débiteurs, relégués à raser les murs par devoir de reconnaissance.

Jean Pierre François


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