Livres

 

Les livres "coups de coeur" du trimestre

 

Aventure: "Hiver africain" d'Evelyn Waugh

Petite bibliothèque Payot / voyages 1994
Traduit de l'anglais par Marc Gibot

En octobre 1930, Evelyn Waugh, âgé de 27 ans, s'embarque pour l'Abyssinie afin d'assister, comme correspondant du Times, au couronnement de l'empereur Haïlé Sélassié. Cet événement extraordinaire passé, Waugh en profite pour poursuivre son voyage à travers toute l'Afrique orientale et enfin, rentrer à Londres six mois plus tard.
L'observation très fine des hommes et des moeurs des pays dans lesquels cet écrivain à l'humour féroce séjourna, constitue un récit de voyage drôle, tantôt cruel, tantôt indulgent à l'égard de ce monde colonial, aujourd'hui disparu.

 

Histoire: "Je suis l'empereur du Brésil" de Jean Soublin

311 pages, Roman Seuil, mars 1006

Jean Soublin imagine, à la première personne, la confession du dernier empereur du Brésil, Pedro II, à la veille de sa mort.

Il s'agit donc d'une biographie romancée, écrite dans un style sobre. Grâce à l'érudition de Jean Soublin, nous découvrons, au fil des pages, l'histoire de cet énorme sous-continent au 19e siècle, à travers le long règne de Pedro II, théâtre, à la fois, des influences libérales de l'Europe, mettant à mal un pouvoir autoritaire et de celles plus spécifiques au Brésil, comme le maintien ou l'abandon de l'esclavagisme, les rivalités et l'entrée en guerre avec les puissances voisines, la découverte de la civilisation indienne.

En fermant ce livre, on a l'impression d'être devenu un familier de ce personnage énigmatique, érudit, éclairé et d'une grande sensibilité sous la morgue de circonstance exigée par cette
responsabilité d'un tel poids.

 

Historique: "Dames du XIIe siècle" Eve et les prêtres de Georges Duby

217 pages, Gallimard, avril 1996

A l'appui des prédications en latin de grands hommes d'église, l'historien Georges Duby nous éclaire sur la façon dont le clergé catholique et l'Eglise d'Occident, alors toute puissante, percevaient les femmes il y a huit siècles.

On apprend ainsi que la femme est vue, selon ces hommes d'église, comme l'Eve de l'Ancien Testament et que, comme telle, elle est "nocive, perfide et que son corps est un brasier inextinguible", à cette époque de misogynie manifeste.

Au XIIe siècle, les femmes apparaissent si fortes aux hommes que ceux-ci vont s'efforcer de les affaiblir par les angoisses du péché. Tout le travail de l'Eglise portera sur la nécessité de repousser le pouvoir des femmes dans les espaces du jeu où rien ne compte et d'atténuer, dans l'esprit des hommes, la peur des femmes.

Heureusement pour elles, selon l'historien Georges Duby, vers 1180 la situation des femmes dans la haute société va s'améliorer, grâce à l'amour courtois et à la transposition des valeurs essentielles de la chevalerie dans le discours amoureux... Les hommes vont cesser de s'écarter d'elles et de les rudoyer, sans pour autant perdre la conviction que les femmes doivent "être maîtrisées et guidées", tant ils craignaient leur supériorité naturelle.

 

Littérature:"Anthologie du portrait de Saint-Simon à Tocqueville" de Cioran

280 pages. Arcades, Gallimard, 1996

Cioran, philosophe d'origine roumaine, mort l'année dernière, admirait Saint-Simon, auteur selon lui "VERTIGINEUX" et son art si ardu de "fixer" un personnage.

Il décida, dans cette anthologie, de sélectionner les portraits de mémorialistes fameux dont l'art permet au lecteur, selon lui "d'éclairer les mystères attachants ou ténébreux de l'être humain, dans une langue admirable de sobriété". On ne peut que se délecter de cette succession de portraits choisis
par Cioran.

A cet égard, il est étonnant de comparer le portrait de Talleyrand, dépeint par Madame de Staël ou par Madame de Rémusat qui l'avait aimé et celui dressé par Châteaubriand, qui le haïssait, ou de méditer cette réflexion de Benjamin Constant : "C'est pour cela que le mariage est une chose admirable, parce qu'au lieu d'un but qui n'existe plus, il introduit des intérêts communs qui existent toujours" !

Anne-Marie Trémeaud

 

Littérature: "Santé & culture en Afrique noire" de Michel Fontaine

Une expérience au Nord-Cameroun de Michel Fontaine chez l'Harmattan

En matière de santé et de développement, peut-on miser sur la responsabilité d'une population ?

Oui, nous rapporte l'expérience du Centre de Promotion de la santé de Tokombéré au Nord-Cameroun.

Concrètement, l'option de la responsabilité s'est manifestée lorsque le médecin-chef de l'hôpital a décidé de "fermer pour mieux soigner". Une organisation différente a été mise en place : le personnel a laissé blouse et stéthoscope pour rencontrer les villageois pendant la moitié de la journée ; connaître, sentir, partager, oublier un pouvoir et un savoir aux conséquences souvent inattendues, s'enrichir des questions quotidiennes, sur la maladie et sur la mort, construire avec le village tout entier une stratégie de la santé dans laquelle chacun se reconnaît partenaire et responsable...

Michel Fontaine est né en 1948. Double formation : infirmier et sociologue. A travaillé plusieurs années en Afrique noire.

 

Littérature: "Le diable et autres récits" de Marina Tstetaeva

Le Livre de Poche, biblio, mai 1995

C'est dans les années 80 que la grande poétesse russe, dans la misère de l'émigration, écrivit à Meudon ces trois récits étonnants. Dans celui qu'elle prénomme Le Diable, elle retrace les souvenirs nostalgiques de son enfance de petite fille russe aisée, associés avec la fulgurance d'un esprit plein d'imagination, à un monde magique dont elle seule avait la clef et qu'elle entrouvre à la grande joie du lecteur.

Dépaysement assuré.


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